Faut-il avoir peur des médias numériques ?
Les quelques études disponibles à ce jour sur l’impact des représentations du suicide dans les médias en ligne et les réseaux sociaux suggèrent de possibles effets positifs autant que négatifs. Étant facilement accessibles et souvent utilisés par les jeunes, les médias numériques sont considérés comme une ressource potentielle pour les personnes ayant besoin d’aide en cas d’idées suicidaires. Les personnes à risque suicidaire disent se sentir moins stigmatisées en utilisant les réseaux sociaux et évoquent parfois une réduction de leurs idées suicidaires après avoir effectué des recherches en ligne, notamment sur les sites web et les forums de prévention du suicide.
Cependant, les médias numériques soulèvent d’importantes préoccupations quant aux risques de normalisation des comportements suicidaires, d’exposition à des images ou à des méthodes suicidaires et de création de canaux de communication qui peuvent être les lieux d’intimidation ou de harcèlement. Il existe également des sites pro-suicide ainsi que des chalenges qui détaillent les différents moyens pour mettre fin à ses jours, encouragent les comportements suicidaires, ou recrutant pour des pactes de suicide. Un nombre croissant d’études de cas suggèrent que ces messages peuvent induire un comportement suicidaire chez les personnes vulnérables.
En matière de prévention du suicide, des défis sont donc à relever s’agissant des informations disponibles sur le suicide et la gestion des contenus suicidaires en ligne. Ce d’autant plus que les technologies de l’information et de la communication offre une réélle opportunité de prévention du suicide par leur pouvoir de diffusion virale et leur facilité d’accès.
L’utilisation massive des réseaux sociaux et des médias en ligne apporte donc une nouvelle caisse de résonance au phénomène troublant de la contagion suicidaire. Les présentes recommandations ont pour objectif d’aider les utilisateurs et les contributeurs du web à aborder ce sujet délicat de la façon la plus prudente possible, afin de renforcer l’efficacité de leur message et de réduire les risques engendrés par une communication non maîtrisée.
Car il existe une responsabilité certaine pour les contributeurs du web à faire preuve de prudence pour trouver, au moment de traiter du suicide, un juste équilibre entre des impératifs tels que le « droit du public à l’information » et le risque d’imitation.
Comment parler du suicide sur internet ?
En complément des recommandations aux médias traditionnels, il importe d’éviter la mise en exergue d’un suicide sur internet (réseaux sociaux, sites web, blogs…). Les vidéos ou les bandes-son (par exemple les appels d’urgence) ou la mise en ligne du lieu d’un suicide ne devraient pas être diffusées, en particulier si l’emplacement ou la méthode utilisée sont clairement explicites. En outre, une grande prudence est requise lors de l’utilisation des photos de la personne qui est décédée par suicide. Les moteurs de recherche optimisent en permanence leurs efforts de référencement ; la titraille devrait donc faire l’objet d’une attention particulière.
Comme dans le cas des médias traditionnels, la data visualisation doit soigneusement se référer à des données validées afin d’éviter toute exagération ou sensationnalisation des statistiques sur le suicide.
Indications pour les blogueurs·euses
Les présentes recommandations ont pour objectif d’aider les blogueurs·euses à aborder ce sujet délicat de la façon la plus prudente possible, afin de renforcer l’efficacité de leur message et de réduire les risques engendrés par une communication non maîtrisée.
JE VAIS PUBLIER UN ARTICLE SUR LE SUICIDE
Avant de publier vos articles, demandez-vous :
QUEL EST L’OBJECTIF DE MON ARTICLE ?
Quand on écrit au sujet du suicide, il est important de se fixer un objectif qui aide à définir les grandes lignes de l’article et à évaluer l’efficacité du message. Voici quelques exemples d’objectifs :
- Sensibiliser le public au problème du suicide
- Aider les personnes en difficulté ou suicidaires
- Informer un public spécifique,
- Aider les personnes endeuillées par le suicide d’un proche.
- Expériences personnelles qui se sont soldées par des résultats encourageants et positifs,
- Récits de tiers mettant l’accent sur l’espoir, l’entraide et la guérison,
- Récits qui mettent en avant les effets positifs pour un individu, un groupe ou une organisation (suicides évités),
- Récits qui mettent en avant les ressources et les lignes d’assistance téléphonique publiques,
- Articles qui présentent les résultats de nouvelles recherches ou des traitements prometteurs,
- Récits qui encouragent les personnes en difficulté à se faire aider.
- Actualités ou récits concernant un suicide, une série de suicides ou une méthode de suicide inhabituelle,
- Suicides de célébrités. Les jeunes sont très influencés par les célébrités et sont susceptibles de copier leurs actes — il pourrait être intéressant de parler d’une célébrité qui a surmonté ses idéations suicidaires ou qui a survécu à une tentative de suicide,
- Rumeurs de suicide,
- Articles qui tentent d’associer un suicide à une cause unique (par exemple le cyberharcèlement), car on a rarement recours au suicide pour une seule raison.
QUI SONT MES LECTEURS ?
En général, les blogs s’adressent à un public qui, pour des raisons personnelles, s’intéresse à leur contenu. N’oubliez pas que certains de vos lecteurs sont peut-être vulnérables. Évitez de les bombarder avec trop d’informations, de données et de contenus.
- Qui est susceptible de lire cet article ?
- Est-ce que je m’exprime dans un langage adapté pour toucher ce public ?
- Mes lecteurs comprendront-ils le message que j’essaie de faire passer ?
EST-CE QUE JE VEUX INFORMER MES LECTEURS, LES ENCOURAGER À AGIR OU LES DEUX ?
Vous pouvez utiliser votre blog pour informer votre public et/ou l’inciter à agir. Que pouvez-vous apprendre à vos lecteurs ou les encourager à faire ? Vous pouvez par exemple leur suggérer :
- De se faire aider en cas de besoin,
- D’acquérir des connaissances sur le suicide (ex. : signaux d’alarme et facteurs de risque de suicide),
- De soutenir une cause ou une campagne spécifique.
MON ARTICLE DE BLOG A-T-IL OBTENU LE RÉSULTAT ESCOMPTÉ ?
Observez les réactions suscitées par votre article. Si vous ne l’avez pas déjà fait, mettez en place un système qui vous permette de connaître l’avis de vos lecteurs
- Est-il possible de donner une note à votre blog ?
- Les commentaires sont-ils autorisés ?
- Les avis sur l’article sont-ils ouverts ?
JE SUIS UN.E BLOGUEUR·EUSE INVITÉ·E
Bien souvent, les blogueurs·euses invité·e·s (les personnes qui contribuent à un post qui n’est pas le leur) n’ont aucun contrôle sur la version finale du texte, sur la ou les images publiées et sur le choix du titre. Vous pouvez néanmoins prendre certaines mesures pour vous assurer que vos intentions de départ sont respectées.
ENGAGEZ LE DIALOGUE
L’équipe rédactionnelle ne connaît pas nécessairement les précautions à prendre pour parler du suicide. Invitez-les à consulter ce site puis recontactez-les pour vous assurer qu’ils ont compris l’importance d’un traitement médiatique prudent.
SOYEZ PROACTIFS
Lorsque vous soumettez votre article, suggérez plusieurs titres appropriés et non sensationnalistes, ainsi que des exemples d’images non explicites. Insistez pour que le.la responsable vous contacte ou consulte un spécialiste de la prévention du suicide et/ou du traitement médiatique s’il décide de changer le titre ou les images avant publication.
SI ON VOUS DEMANDE DE RACONTER VOTRE HISTOIRE PERSONNELLE
- Assurez-vous que le contenu de votre témoignage est approprié au sujet, et ne partagez que les détails qui le sont,
- Partagez des réflexions encourageantes tirées de votre expérience. Expliquez que les soins peuvent fonctionner et que la prévention est possible,
- Demandez à la personne qui vous interroge d’indiquer des dispositifs de prévention du suicide et d’aide en cas de crise dans son article,
- N’oubliez pas qu’une fois que vous avez partagé votre histoire, il est peu probable que vous puissiez exercer un contrôle sur le contenu publié. Parvenez à un accord avant de partager votre histoire.
Lorsque vous soumettez votre article, suggérez plusieurs titres appropriés et non sensationnalistes, ainsi que des exemples d’images non explicites. Insistez pour que le.la responsable vous contacte ou consulte un spécialiste de la prévention du suicide et/ou du traitement médiatique s’il décide de changer le titre ou les images avant publication.
LES PRINCIPAUX ÉCUEILS ET COMMENT LES ÉVITER ?
Voici la liste des principales attitudes à risque et des solutions à privilégier :
À éviter : Montrer/décrire la méthode ou la scène d’un suicide dans votre article.
À faire : Dites que la personne s’est suicidée, sans entrer dans les détails.
À éviter : Publier le contenu d’une lettre d’adieu.
À faire : Indiquez qu’une lettre a été trouvée, sans donner plus de détails.
À éviter : Dire qu’un suicide a « réussi » ou « échoué », parler de « tentative ratée ».
À faire : Dites que la personne « s’est suicidée » ou « a mis fin à ses jours », parlez de « suicide avéré ».
À éviter : Qualifier le suicide « d’épidémie » ou employer des mots forts comme « grimper en flèche » ou « exploser ».
À faire : Procurez-vous des données aussi fiables que possible et employez des mots neutres comme « augmentation » ou « hausse ».
À éviter : Diffuser des stéréotypes négatifs, des idées reçues et des clichés qui stigmatisent les personnes atteintes de troubles mentaux ou suicidaires.
À faire : Informez-vous. Soyez conscient des idées reçues au sujet du suicide et des personnes qui se suicident.
À éviter : Simplifier à l’excès les causes d’un suicide ou essayer de donner une explication ou une cause unique.
À faire : Mentionnez que les causes du suicide sont complexes et que de nombreux facteurs entrent généralement en jeu.
À éviter : Banaliser le suicide en le présentant comme courant ou acceptable.
À faire : Rappelez que le suicide n’est pas une réaction normale à des problèmes de santé mentale courants ou au stress du quotidien, et qu’il est possible de le prévenir et de se rétablir.
À éviter : Parler du suicide comme s’il s’agissait d’un crime.
À faire : Insistez sur le fait que le suicide est un problème de santé publique.
À éviter : Divulguer des informations détaillées sur la personne qui s’est suicidée. Les personnes suicidaires pourraient s’identifier à elle, ce qui augmenterait les risques de suicide par imitation.
À faire : Utilisez l’histoire de la personne pour parler de prévention et expliquer comment surmonter une situation difficile et comment trouver de l’aide. Mentionnez les détails qui aident à replacer le suicide dans son contexte, tels que les signes avant-coureurs observés et tout autre problème de santé mentale ou d’addiction éventuel. Signalez où trouver de l’aide et expliquez qu’il est possible de surmonter une crise suicidaire pour faire ainsi passer un message d’espoir.
UNE DERNIÈRE RELECTURE
Avant de publier votre article de blog, demandez-vous :
Adoptez un ton positif. Vos lecteurs doivent immédiatement comprendre qu’il est possible de prévenir le suicide, qu’il existe des dispositifs d’aide et que les soins sont efficaces.
Chaque fois que vous abordez le sujet du suicide, vous devez absolument fournir une liste de ressources d’aide. Il est possible que certains lecteurs soient en situation de détresse. En mettant à leur disposition des informations sur la prévention du suicide et des troubles mentaux, vous leur donnez une chance de se faire aider. Nous recommandons d’indiquer d’appeler son médecin généraliste ou en cas d’urgence, le 15.
Réfléchissez bien au titre de votre article de blog. Évitez les termes ou les expressions sensationnalistes. Ne soyez pas trop explicites et ne mentionnez pas de méthode de suicide. Évitez également les titres qui émettent des suppositions sur la vie d’une personne ou suggèrent une cause unique.
- Vérifiez que toutes les statistiques et tous les faits cités dans votre blog sont exacts.
- Lorsque vous citez des données, évitez d’exagérer le problème du suicide ou de perpétuer l’idée que le suicide est un problème insoluble.
- Le suicide n’est pas une épidémie, n’employez pas ce mot pour le décrire. Décrivez-le plutôt comme un important problème de santé publique auquel il faut s’attaquer.
- Si vous souhaitez utiliser des données chiffrées, assurez-vous qu’elles soient à jour. Les informations dépassées ne sont d’aucune utilité et risquent de ne pas refléter la situation actuelle
Réfléchissez bien au titre de votre article de blog. Évitez les termes ou les expressions sensationnalistes. Ne soyez pas trop explicites et ne mentionnez pas de méthode de suicide. Évitez également les titres qui émettent des suppositions sur la vie d’une personne ou suggèrent une cause unique.
Afin que vos lecteurs vous comprennent, utilisez le langage courant — en particulier si vous avez une formation clinique ou médicale (et que ce n’est pas le cas de vos lecteurs). Évitez d’employer des termes médicaux ou professionnels (jargon médical) et/ou des mots durs, désobligeants, humiliants ou indélicats. Afin de changer l’attitude et les a priori du public au sujet du suicide, certaines expressions sont à proscrire. Quelques exemples :
- Évitez de dire que quelqu’un a « commis un suicide ». Dites que la personne « s’est suicidée », « s’est enlevé la vie », ou « a mis fin à ses jours ».
- Évitez de qualifier un suicide de « réussi » ou de « manqué ». Dites juste que la personne « s’est suicidée », est « décédée par suicide » ou « a survécu à une tentative de suicide ».
Certains éléments peuvent rappeler une expérience traumatisante à un individu, provoquant crise d’angoisse, souffrance et profonde tristesse. Certains éléments déclencheurs peuvent également provoquer des comportements d’imitation.
Certains éléments peuvent rappeler une expérience traumatisante à un individu, provoquant crise d’angoisse, souffrance et profonde tristesse. Certains éléments déclencheurs peuvent également provoquer des comportements d’imitation.
- Images explicites montrant automutilation ou suicide (généralement par une méthode entraînant des blessures),
- Images ou descriptions d’une ou plusieurs méthodes de suicide,
- Description du décès.
Si vous décidez de partager des images explicites ou d’utiliser un langage descriptif parce que cela vous semble essentiel pour le récit, insérez un avertissement au début afin que les lecteurs puissent décider de poursuivre ou non leur lecture en toute connaissance de cause. N’oubliez pas qu’insérer un avertissement ne diminue pas le danger potentiel posé par le reste du contenu de l’article.
« AVERTISSEMENT – Cet article/section, ou les pages vers lesquelles il/elle redirige, contient des images troublantes et des informations sur le suicide qui pourraient choquer certaines personnes. »
Utilisez des caractères gras ou une autre couleur afin de distinguer l’avertissement du reste du texte.
Indications pour les réseaux sociaux
L’utilisation massive des réseaux sociaux apporte une nouvelle caisse de résonance au phénomène troublant de la contagion suicidaire. Les présentes recommandations ont pour objectif d’aider les utilisateurs des réseaux sociaux à aborder ce sujet délicat de la façon la plus prudente possible, afin de renforcer l’efficacité de leur message et de réduire les risques engendrés par une communication non maîtrisée.
DÉFINISSEZ VOTRE OBJECTIF
Vous avez décidé de créer un compte sur les réseaux sociaux pour aborder le sujet du suicide. Voici quelques conseils pour utiliser au mieux les médias sociaux :
- - Le résultat que vous recherchez doit orienter votre stratégie (ex : je veux aider les personnes suicidaires, informer sur un dispositif d’aide…)
- - Identifiez votre public : vers qui voulez-vous communiquer ?
- - Évaluez vos ressources disponibles : réfléchissez à votre capacité à mener à bien un tel projet en termes de personnel, de temps et d’expertise.
- - Pensez sur le long terme : parce que la question du suicide est une question tellement personnelle, reconnaissez que la confiance se construit au fil du temps, grâce à une participation continue avec la communauté en ligne.
- - Suivez les résultats de vos efforts : en évaluant les retours de votre public et ce qui lui manque, vous serez plus efficace et performant à l'avenir.
- - Évitez de centrer vos messages sur l'étendue et les conséquences du suicide. Les efforts de prévention sont davantage probants lorsque l’on partage des histoires positives d’espoir et de rétablissement, ainsi que des exemples de soutien et d’assistance. Qualifier le suicide d ‘ « épidémie » ou mettre l'accent sur des statistiques désastreuses peut donner l'impression que le suicide est plus courant qu'il ne l'est ou constituer un moyen acceptable de faire face à l'adversité,
- - Ne surdramatisez pas l’événement et ne placez pas le mot suicide dans le titre,
- - Évitez de détailler les lieux et les méthodes utilisées,
- - Évitez les photos ou les vidéos du lieu ou du mode de décès ainsi que du service commémoratif en respect pour les endeuillés,
- - Évitez de partager les informations contenues dans la lettre d’adieu,
- - Ne simplifier pas le suicide : Le suicide est complexe et comporte souvent de nombreux facteurs. Il est presque certainement inexact de citer une cause unique comme, par exemple, « des problèmes financiers récents » ou « une rupture avec un conjoint »,
- - Partagez des liens vers des ressources de prévention du suicide : médecin généraliste ou le 15 en cas d’urgence,
- - Soyez sensible au fait que les membres de la famille peuvent voir vos messages : ne publiez pas quelque chose que vous ne leur diriez pas directement et souvenez-vous que même si vous publiez quelque chose en privé, cela pourrait devenir public.
Voici la liste des principales attitudes à risque et des solutions à privilégier :
À éviter : Montrer/décrire la méthode ou la scène d’un suicide dans votre article.
À faire : Dites que la personne s’est suicidée, sans entrer dans les détails.
À éviter : Publier le contenu d’une lettre d’adieu.
À faire : Indiquez qu’une lettre a été trouvée, sans donner plus de détails.
À éviter : Dire qu’un suicide a « réussi » ou « échoué », parler de « tentative ratée ».
À faire : Dites que la personne « s’est suicidée » ou « a mis fin à ses jours », parlez de « suicide avéré ».
À éviter : Qualifier le suicide « d’épidémie » ou employer des mots forts comme « grimper en flèche » ou « exploser ».
À faire : Procurez-vous des données aussi fiables que possible et employez des mots neutres comme « augmentation » ou « hausse ».
À éviter : Diffuser des stéréotypes négatifs, des idées reçues et des clichés qui stigmatisent les personnes atteintes de troubles mentaux ou suicidaires.
À faire : Informez-vous. Soyez conscient des idées reçues au sujet du suicide et des personnes qui se suicident.
À éviter : Simplifier à l’excès les causes d’un suicide ou essayer de donner une explication ou une cause unique.
À faire : Mentionnez que les causes du suicide sont complexes et que de nombreux facteurs entrent généralement en jeu.
À éviter : Banaliser le suicide en le présentant comme courant ou acceptable.
À faire : Rappelez que le suicide n’est pas une réaction normale à des problèmes de santé mentale courants ou au stress du quotidien, et qu’il est possible de le prévenir et de se rétablir.
À éviter : Parler du suicide comme s’il s’agissait d’un crime.
À faire : Insistez sur le fait que le suicide est un problème de santé publique.
À éviter : Divulguer des informations détaillées sur la personne qui s’est suicidée. Les personnes suicidaires pourraient s’identifier à elle, ce qui augmenterait les risques de suicide par imitation.
À faire : Utilisez l’histoire de la personne pour parler de prévention et expliquer comment surmonter une situation difficile et comment trouver de l’aide. Mentionnez les détails qui aident à replacer le suicide dans son contexte, tels que les signes avant-coureurs observés et tout autre problème de santé mentale ou d’addiction éventuel. Signalez où trouver de l’aide et expliquez qu’il est possible de surmonter une crise suicidaire pour faire ainsi passer un message d’espoir.
- Utilisez des hashtags appropriés pour rendre vos messages faciles à trouver. Parmi les hashtags pertinents et fréquemment utilisés figurent #suicide, #mhsm (médias sociaux pour la santé mentale). Ou créez votre propre hashtag pour diffuser votre campagne,
- Si vous partagez votre histoire, soyez prudent. Rappelez-vous que ce qui est en ligne peut l’être pour toujours,
- Les informations privées ne doivent jamais être publiées. Soyez attentif à la vie privée des autres en plus de la vôtre,
- Soyez vigilants aux commentaires (consultez notre section à destination des modérateurs),
- - Diffusez des ressources pour les personnes susceptibles d'avoir des idées suicidaires,
- - Partagez des histoires d’espoir et de rétablissement,
- - Évitez de diffuser les mythes sur le suicide et n’hésitez pas à corriger les informations inexactes publiées par les autres. Des mythes tels que « quelqu'un qui parle de suicide ne se suicidera pas » ou « demander à quelqu'un s’il a des idées suicidaires lui donnera l’idée de se suicider » peuvent empêcher les gens d'obtenir l'aide dont ils ont besoin.
LES CHALLENGES PRO-SUICIDE
- - Soyez vigilant face aux challenge de suicide qui peuvent se propager rapidement en ligne. Ne pas retweet ou rediffuser des informations qui n'ont pas été confirmées par une source fiable, et décourager les autres de le faire,
- - Travaillez avec les influenceurs en ligne ainsi qu’avec les experts de la prévention du suicide qui peuvent vous aider à réprimer les rumeurs et à diffuser des informations précises pour contrer les challenge de suicide.
Indications pour les modérateurs
Pour qu’un article ou un post reste sûr pour tous ses lecteurs, il est important de modérer les commentaires. Si vous n’avez aucun contrôle sur les commentaires du site pour lequel vous écrivez, partagez ces conseils avec l’équipe rédactionnelle.
LISEZ LES COMMENTAIRES RÉGULIÈREMENT
Si vous avez le temps (ou le personnel) nécessaire, vérifiez régulièrement la section des commentaires. Adaptez la fréquence des vérifications au volume et à la fréquence des commentaires reçus. Si vous n’avez pas le temps ou le personnel nécessaire, mais que vous voulez malgré tout autoriser les commentaires et les retours, insérez un avertissement pour que le public sache que les commentaires ne sont pas modérés en permanence. Indiquez le numéro d’une ligne d’assistance téléphonique ou un lien vers un service de prévention du suicide dans l’avertissement. Vous pouvez également prévoir un formulaire de contact ou autre moyen permettant aux lecteurs de signaler tout commentaire inapproprié ou préoccupant.
REMETTEZ LA CONVERSATION SUR LES RAILS
Il arrive que les commentaires s’éloignent du sujet ou s’attardent sur des sujets sans lien avec l’article. Pour remettre la conversation sur les rails, contactez les auteurs des commentaires en privé et expliquez-leur le type de retour ou de dialogue que vous attendez.
Certains blogs et plateformes permettent de paramétrer le style et l’affichage des commentaires. Choisissez en fonction de vos besoins et de votre capacité à les modérer.
Dans un monde idéal, la section des commentaires devrait permettre aux lecteurs d’avoir un dialogue civilisé, de réfléchir, et de donner un retour sur votre article. Malheureusement, certaines personnes essaieront de détourner cet espace pour servir leurs propres intérêts. Pour limiter les commentaires inappropriés, pensez à rédiger des conditions d’utilisation claires et compréhensibles.
Par exemple : « Aucun commentaire injurieux, raciste ou discriminatoire ne sera toléré. Veuillez également vous abstenir de partager les détails choquants de vos expériences personnelles. Les commentaires qui ne respectent pas ces conditions d’utilisation seront supprimés et leur auteur risque d’être exclu de ce fil de commentaires. »
De cette façon, si un utilisateur ne respecte pas les règles de conduite, vous pourrez vous appuyer sur les conditions d’utilisation pour supprimer le commentaire inapproprié. Rédigez une réponse type à utiliser quand les auteurs de commentaires ne respectent pas les conditions d’utilisation.
Évitez d’entrer en conflit par commentaires interposés avec les personnes qui n’ont pas respecté les conditions d’utilisation. Si une personne ne respecte pas les conditions d’utilisation, envoyez-lui un avertissement ou contentez-vous de supprimer le commentaire et de bloquer son auteur. Vous pouvez également communiquer une adresse e-mail personnelle au cas où la personne souhaite aborder son problème en privé.
Si vous n’êtes pas en mesure de gérer les menaces de suicide ou d’aider les personnes qui traversent une crise émotionnelle, insérez un avertissement plus complet qui explique clairement que les commentaires ne sont pas modérés en temps réel, et indiquez le numéro de téléphone des urgences.
Pourquoi indiquer où trouver de l’aide ?
L’effet Papageno se manifeste lorsque la médiatisation d’un suicide a un effet de prévention.
Une étude portant sur les reportages réalisés à la suite des suicides de Daron Richardson et de Jamie Hubley à Ottawa en 2010 et 2011 (1), relate une augmentation importante du nombre de visites à l’urgence pédiatrique locale pour des troubles de santé mentale, dans les 28 et 90 jours qui ont suivi les suicides de Daron et Jamie, comparativement aux mêmes dates dans les années précédentes. Bien que cette étude ait constaté une importante hausse du taux de visites à l’urgence pédiatrique locale pour des troubles de santé mentale à la suite de ces deux suicides médiatisés, elle n’observe aucune différence quant à la gravité des symptômes de maladie mentale ou des tendances suicidaires dans le cadre de ces consultations. Ceci suggère que l’attention médiatique a peut-être mis en lumière les problématiques de santé mentale au sein de la communauté sans pour autant que les jeunes ne pensent davantage au suicide.
L’étude relève également que la couverture médiatique a été faite, dans l’ensemble, avec délicatesse. Les articles étaient aussi accompagnés d’une liste de ressources auxquelles les jeunes en détresse pouvaient s’adresser pour obtenir de l’aide. Les personnes interviewées offraient de l’information sur la prévention du suicide, notamment les signes avant-coureurs, les ressources à contacter, les gestes à poser et l’aide à apporter. Car le simple fait de parler de suicide n’entraîne pas d’autres suicides. Par contre, un accès en temps opportun à du soutien et à des ressources de soin peut sauver des vies.
En d’autres termes, les médias peuvent jouer un rôle actif dans la prévention du suicide en publiant les recours existants (que ce soit des services de santé, de santé mentale, d’assistance téléphonique…).
Des informations sur les différents dispositifs d’aide devraient donc figurer à la fin de chaque article traitant du suicide. Ces dispositifs dépendront du contexte, mais ils pourraient inclure le médecin généraliste, des professionnels de santé mentale ainsi que des lignes téléphoniques d’assistance agréées en prévention du suicide ou le 15 (disponible 24h/24, 7 j/7).
Citer ces dispositifs d’aide ouvre la voie à un soutien immédiat aux personnes en détresse ou qui envisageraient de se suicider.
4 mythes autour du suicide
Comme pour la plupart des sujets sensibles, la question ne serait pas tant « Faut-il parler du suicide ? », mais plutôt « Comment bien parler du suicide ? ».
Bien parler du suicide, c’est tout simplement le faire dans un souci de précision et d’exactitude. C’est s’atteler à soigneusement déconstruire les mythes qui l’entourent très fréquemment en refusant de les alimenter. De ces multiples mythes, 4 grands thèmes se dégagent régulièrement. Au journaliste, au blogueur, au professionnel de la prévention du suicide ou à toute personne qui devra un jour traiter du sujet, ce document pourra servir de source minimale à une information juste.
MYTHE 1 : AVOIR DES IDÉES SUICIDAIRES OU FAIRE UNE TENTATIVE DE SUICIDE, C’EST ANODIN
« Ma femme parlait tout le temps de se suicider. Je pensais qu’elle disait ça pour qu’on la remarque, qu’on fasse attention à elle. Je pensais que c’était sa façon d’attirer l’attention sur elle. Je n’ai jamais cru qu’elle parlait sérieusement. »
Pascal, 40 ans
RÉALITÉ
Avoir envie de mourir, avoir des pensées suicidaires est quelque chose de fréquent. Face à une même situation, chacun réagit de façon différente et des évènements de vie difficile (chômage, violence, deuil, traumatisme…) n’amènent pas obligatoirement à penser au suicide. On peut traverser de nombreuses épreuves sans jamais avoir d’idées suicidaires. Leur présence n’est donc jamais banale, normale. Il est indispensable de toujours prendre au sérieux la présence d’idées suicidaires.
Toutes les personnes qui ont des idées suicidaires ne passeront pas à l’acte mais il ne faut pas pour autant banaliser leur existence. Elles doivent, au contraire, bénéficier d’une écoute et d’une aide médicale adaptée.
Une personne qui parle facilement de ses idées suicidaires n’a pas moins de risque de passer à l’acte. Souvent, dans le cas d’un suicide, un proche de l’entourage familial ou amical, un médecin, un professeur, un collègue, avait été le confident du projet suicidaire.
Les raisons qui poussent quelqu’un à se suicider sont multiples. Il est important de ne pas préjuger de la gravité ou de la sincérité des idées suicidaires.
La dangerosité apparemment faible de certaines tentatives de suicide ne doit pas amener à les banaliser. Il est faux de penser qu’une tentative de suicide est faite pour attirer l’attention sur soi ou exercer sur l’entourage un quelconque chantage. Tenter de se suicider c’est chercher à mourir. De plus, la répétition des tentatives de suicide chez une personne ne doit pas amener à banaliser la présence d’idées suicidaires. Une personne qui a déjà fait des tentatives de suicide est plus à risque de tenter de se suicider à nouveau. Ce qui compte c’est la représentation du geste pour la personne, la détermination qu’elle avait au moment de le réaliser. Il n’existe pas de « petites » ou de « fausses » tentatives de suicide. La gravité d’un geste suicidaire n’est pas déterminée uniquement par la dangerosité du moyen utilisé.
MYTHE 2 : ON NE PEUT PAS PRÉVOIR
« Mon fils allait moins bien depuis quelques mois, il s’isolait beaucoup, n’allait plus à son entraînement de foot. Ce qui aurait dû m’alerter, c’est qu’il m’a dit à plusieurs reprises qu’il était un fardeau pour tout le monde… À ce moment là, je n’imaginais pas que cela pouvait être aussi sérieux… »
Claude, 73 ans
RÉALITÉ
Par la violence et la charge émotionnelle qui l’entourent, le suicide apparaît souvent comme un acte désespéré, incompréhensible, que rien ne pouvait laisser prévoir. Pourtant, il n’y a pas de suicide qui ne soit précédé, depuis plus ou moins longtemps, d’une souffrance intense ou d’une altération du fonctionnement de la personne. La crise suicidaire est un moment de délibération entre la mort, progressivement perçue comme seul moyen d’échapper à une situation insupportable, et la perspective, progressivement restreinte, d’une vie différente. Comme il s’agit bien d’une mise en balance plus que d’un souhait ferme et définitif de mourir, cette délibération s’accompagne le plus souvent d’appels à l’aide ou d’interpellations plus ou moins explicites. On estime ainsi que 80% des personnes qui se sont suicidées ont consulté leur médecin traitant dans la semaine précédant leur mort.
Il arrive que les personnes évoquent clairement leurs idées suicidaires, que ce soit à leurs proches, à leur médecin, ou même parfois sans que cela soit adressé (journal intime, lettre,…).
Quelque soit le ton sur lequel ces idées sont évoquées, elles sont toujours à prendre au sérieux et justifient une consultation rapide avec un professionnel.
Parfois, les propos sont plus indirects ou allusifs. Ainsi, des phrases telles que « Je n’en peux plus de cette vie là » ou « Vous seriez plus tranquilles sans moi », sont à prendre tout à fait au sérieux. Ils témoignent souvent de l’ambivalence de la personne en souffrance qui souhaite interpeller sans pour autant inquiéter ou être un fardeau pour son entourage (pensée fréquente pendant les crises suicidaires).
Enfin, d’autres signes, plus indirects encore, peuvent laisser suspecter un risque de passage à l’acte suicidaire. Certains de ces signes témoignent de la situation de crise et de souffrance intense dans laquelle se trouve la personne. C’est d’ailleurs surtout l’idée d’une rupture, d’un changement avec le comportement habituel qui doit interpeller : isolement, abandon des activités habituelles, irritabilité, repli… Parfois, au contraire, une jovialité ou une apparente sérénité, dénotant par leur caractère inhabituel, peuvent résulter d’une tentative de « faire bonne figure » ou d’un soulagement que procure le fait d’avoir arrêté la décision de se suicider. D’autres indices peuvent être liés au projet suicidaire en lui même et à ses préparatifs. La personne pourra ainsi laisser une lettre d’adieu, faire de dons ou des lègues, confier son animal de compagnie à un tiers…
Dans tous les cas, dès lors qu’elles sont suspectées, la question des idées suicidaires peut être très clairement et très simplement posée. Les experts s’accordent sur le fait que demander à quelqu’un « Avez-vous envie de mourir ? » ou « Avez-vous des idées suicidaires ? » n’incitera pas la personne à passer à l’acte. Cela permettra au contraire d’orienter, d’offrir un certain soulagement à la personne qui n’aura pas osé en parler auparavant et à lui proposer de rencontrer un professionnel au plus vite.
MYTHE 3 : IL EXISTE UNE CAUSE UNIQUE ET FACILEMENT IDENTIFIABLE
« Il pense que j’ai tenté de mettre fin à mes jours pour qu’il revienne après que nous nous soyons séparés. Mais c’est beaucoup plus compliqué que ça. Aussi loin que je me souvienne, c’est compliqué. »
Adja, 37 ans
RÉALITÉ
Les processus pouvant amener un individu au passage à l’acte suicidaire sont nombreux et complexes. Il n’existe pas une seule et unique cause facilement identifiable au suicide.
Le risque de suicide ne peut pas être détecté par des examens médicaux simples comme une prise de sang, une radiographie, une imagerie cérébrale, comme cela peut être le cas par exemple pour un cancer ou un diabète. C’est lors d’une évaluation psychiatrique avec un médecin que l’on pourra estimer la gravité des idées suicidaires d’une personne ainsi que les facteurs pouvant entrainer un passage à l’acte suicidaire. Il n’y a pas de diagnostic de suicide, mais une évaluation qui repose sur une probabilité statistique et il est impossible d’établir un « portrait robot » de la personne suicidaire. C’est devant un faisceau d’arguments que le risque suicidaire pourra être évalué et non pas devant un simple événement de vie négatif, tels qu’une rupture sentimentale ou une perte d’emploi. Le suicide ne peut donc pas seulement être attribué à un évènement de vie négatif qui serait survenu quelques jours ou semaines
avant le passage à l’acte.
Certains facteurs de risque ont pu être identifiés. Citons-en quelques uns :
• Les pathologies mentales telles que la dépression ou l’abus de substances (l’alcool, le cannabis ou la cocaïne), sont des facteurs de risque majeur. Cela ne veut pas dire que tous les patients dépressifs vont se suicider ni que tous les suicidés auraient pu être diagnostiqués « dépressifs » avant leur passage à l’acte. Cela signifie simplement qu’avoir une dépression ou qu’être dépendant à l’alcool ou aux drogues augmente le risque de passage à l’acte suicidaire.
• Il a également été démontré l’existence d’une possible vulnérabilité familiale aux tentatives de suicide et aux suicides, en effet, le fait d’avoir un parent qui s’est suicidé augmente le risque suicidaire dans la famille.
• Les facteurs démographiques, culturels et socio-économiques doivent également être pris en compte : sexe, âge, situation familiale, préférence sexuelle, activité, niveau d’étude, niveau de revenus, religion…
Les évènements de vie difficiles tels qu’une perte d’emploi ou une rupture ne sont en général que des facteurs précipitant, et c’est l’intrication de facteurs de risque à des facteurs précipitant qui peut aboutir au passage à l’acte suicidaire. Les comportements suicidaires sont donc multi-déterminés, et l’absence d’un groupe à risque unique et facilement identifiable pouvant expliquer la majorité des suicides fait en sorte qu’il est nécessaire d’avoir des programmes diversifiés en vue de prévenir le suicide.
MYTHE 4 : ON NE PEUT RIEN FAIRE
« Je sentais qu’elle n’allait pas bien mais je n’ai pas osé lui demander. J’avais peur que ça lui donne des idées, que ça la pousse à se tuer… Et si elle s’était livrée à moi, qu’aurais-je pu lui dire ? Elle n’a pas eu besoin de ça, elle s’est suicidée. »
Maëlis, 17 ans
RÉALITÉ
Le suicide a longtemps fait, et fait encore l’objet de représentations à connotations morales opposées. Certains le perçoivent comme un acte résolu et courageux pour dépasser les difficultés de la vie (maladie, vieillissement, perte de proches, rupture sentimentale, divorce, etc.). De ce point de vue, il n’y aurait rien à faire face au suicide, car il résulterait d’une décision ferme à respecter. D’autres le perçoivent comme un acte honteux, amoral. Ces représentations peuvent expliquer qu’il est difficile, pour une personne suicidaire, de parler de son envie de se donner la mort. De la même manière de nombreuses personnes ne se sentent pas capables ou légitimes pour aider une personne en détresse.
En outre, si la question du suicide dérange, la difficulté à en parler est d’autant plus importante qu’il existe une idée communément répandue selon laquelle interroger quelqu’un sur ses idées suicidaire l’inciterait à passer à l’acte. En d’autres termes, parler du suicide entraînerait la mort.
Pourtant, au delà du jugement moral, le suicide peut être considéré comme résultant d’une grande souffrance. En effet, la personne suicidaire se trouve généralement dans un tourbillon où la rigidité psychique et le désespoir empêchent toute pensée rationnelle et guident la personne vers une seule solution qui est de se donner la mort. De multiples contraintes, anciennes ou intercurrentes, poussent la personne, non pas à prendre la décision, mais bien à être contraint au choix forcé (ou non choix) de se donner la mort.
Dans cette perspective, on peut en parler pour aider. La personne suicidaire se sentira le plus souvent soulagée d’être écoutée, entendue et il sera possible de l’orienter au mieux vers les professionnels de santé capables de conduire une prise en charge adaptée.
Il existe de nombreux professionnels à qui s’adresser lorsqu’on découvre que l’un de ses proches a des idées suicidaires, ou que l’on en a soi même. Au sein des Centres hospitaliers de la plupart des villes, il existe des consultations d’urgences générales ou psychiatriques où il est possible de rencontrer un psychiatre ou un infirmier 24h sur 24h. Il existe également des lignes d’écoute téléphoniques qui peuvent permettre de soutenir une personne en souffrance. D’autres structures, tels que les Centres médico-psychologiques, les Centres de crise… peuvent également aider toute personne en souffrance à passer un cap afin d’éviter un passage à l’acte suicidaire.
Ainsi devant une personne en crise suicidaire, en parler est la première étape, orienter au mieux et au plus vite est la seconde étape. Une personne en crise suicidaire peut être aidée. Dans la majorité des cas, avec une prise en charge adaptée, les idées suicidaires cèdent et ne réapparaissent plus.
Rédacteurs : Olivia Barasino, Victoire Bénard, Marion Brossard, Anne Creton, Damien Galland, Axelle Gharib, Charles-Edouard Notredame et Anaïs Vaglio.
Histoires de vie
TÉMOIGNER DE SES IDÉES SUICIDAIRES OU DE LA DOULEUR RESSENTIE APRÈS LA PERTE D'UN PROCHE N'EST PAS CHOSE AISÉE. PEU DE TÉMOIGNAGES EXISTENT. MOINS ENCORE SONT DIFFUSÉS.

Pourtant, une étude scientifique menée par Niederkrotenthaler et son équipe(1) abonde dans le sens d’un impact préventif de certains articles : ceux l’accent est mis sur les mécanismes d’adaptation positive en cas de crise suicidaire. Ils sont associés à une diminution des taux de suicide dans la zone géographique où la couverture atteint une grande partie de la population. Ce potentiel de protection des médias a été baptisé effet Papageno. Suite à cette première étude sur l’effet Papageno, d’autres études ont identifié un effet protecteur des messages médiatiques tels que la capacité que peut avoir une personne à surmonter une situation de crise sans recourir à l’auto-agression grâce à des aides.
La publication de témoignages de personnes parvenues à surmonter une situation de crise grâce à des aides (imitation positive) permet donc de renforcer les facteurs de protection ou les obstacles au suicide et contribue ainsi à sa prévention. En partageant ces quelques portraits, notre intention est d’offrir des témoignages sur la réalité de la souffrance psychique mais aussi sur l’entraide et les recours possibles. Ces ressources narratives ont été collectées sur le web. Nous les partageons avec vous.
TÉMOIGNAGES
À 15 ans, Ian Alexander est l’une des révélations de la série fantastique « OA ». Il témoigne ICI de comment il a fait face à ses idées suicidaires.
Yohann Diniz : la longue marche. A lire sur le site de Libération.
PewDiePie est un vidéaste suédois ; l’un des Youtubers les plus influents à ce jour dans le monde. A l’occasion de la semaine d’information en santé mentale, il livre un témoignage très personnel.
Le rappeur américain, Kid Cudi annonce sur Facebook : sans l’hospitalisation, « je me serais fait du mal »
ENTRAIDE
Océane Lavoie, 14 ans, a lancé un puissant message sur les réseaux sociaux après avoir été victime de cyberintimidation.
Saviez-vous qu’un petit discours peut tout changer ? #SmallTalkSavesLives, une campagne des Samaritains.
(1) : Niederkrotenthaler T, Voracek M, Herberth A, Till B, Strauss M, Etzersdorfer E et al. Role of media reports in completed and prevented suicide – Werther v. Papageno effects. Br J Psychiatry. 2010;197:234–43.
Un réseau français de suicidologues
Le programme Papageno est soutenu par le Groupement d’études et de prévention du suicide (Geps), société savante en suicidologie française et la Fédération régionale de recherche en psychiatrie et santé mentale (F2RSM Psy) Hauts-de-France. Dans chaque région, un référent est disposé à vous apporter des informations s’agissant de la problématique du suicide.
En effet, les professionnels – qu’ils soient journalistes, contributeurs du web ou membres d’une institution – devraient se référer à des sources d’information fiables et à des statistiques validées lorsqu’ils ont à traiter du suicide. Dans de nombreux pays, des agences de statistiques gouvernementales fournissent des données sur les taux annuels de suicide, souvent classés par âge et par sexe. En France, il s’agit du CépiDc, Centre d’épidémiologie sur les causes médicales de décès. Par ailleurs, les États Membres rendent à l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) leurs données concernant la mortalité (y compris sur le suicide).
Il est donc préconisé de se rapprocher d’experts chaque fois que cela s’avère possible. Ces experts peuvent aider à dissiper certaines idées reçues à propos du suicide. Ils peuvent également donner des conseils sur la prévention du suicide en général, et, plus spécifiquement, informer sur la gestion des facteurs de risque.
Si vous êtes à la recherche d’une personne-ressource dans votre département, n’hésitez pas à nous contacter.
Nos alertes-médias
Chaque fois qu’un fait divers expose à un risque particulièrement élevé d’effet Werther, la prudence est requise. L’équipe du programme Papageno diffuse donc des alertes aux médias.
Il peut s’agir de la surmortalité suicidaire dans un corps de métier, du suicide d’une célébrité, de recommandations face à un challenge suicidaire…
Ces alertes-médias fournissent des pistes de compréhension et des éléments de prudence qui vous permettront de trouver un juste équilibre entre des impératifs tels que le « droit du public à l’information » et le risque d’imitation.
Si vous êtes à la recherche d’une personne-ressource dans votre département, n’hésitez pas à nous contacter.
Le vif du sujet
Sur des sujets en lien avec l’actualité, l’équipe du programme Papageno prend la plume afin d’offrir son point de vue. Engagés dans la prévention de la contagion suicidaire, les auteurs proposent des pistes de réflexion et d’intervention stratégiques.
Découvrez :
le vif du sujet #2 : le point de vue de Papageno sur une ligne d’appel dédiée à la prévention du suicide (parution février 2018)
le vif du sujet #1 : le point de vue de Papageno sur la série « 13 raisons de »