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Hot spot : suis-je concerné ?

Peut-on agir en prévention ?

Quand des suicides se produisent sur un même site, que peut-on faire pour empêcher les gens de s’y rendre pour se suicider ?

La littérature scientifique est unanime : la restriction d’accès est le moyen le plus efficace de réduire le suicide. Une méta-analyse de 2020 (1) montre une réduction de 91% des suicides après installation de solution technique.

Mais d’autres volets de prévention ont leur utilité en combinaison de la restriction car ils viennent renforcer / consolider cette action en offrant une alternative une fois l’acte empêché voire ils font prévention en amont.

SÉCURISATION DU SITE : UNE EFFICACITÉ EMPIRIQUE

Perron (2) a étudié le pont Jacques-Cartier à Montréal, longtemps considéré comme un hot-spot suicidaire. La construction d’une barrière en 2004 a permis d’endiguer la vague de suicides sans qu’il n’y ait de déplacement vers d’autres ponts dans la région. Après l’installation de la barrière, on constata une forte diminution du taux de suicide local.

Une autre étude importante a porté sur le pont de Grafton à Auckland, en Nouvelle-Zélande. Des barrières ont été érigées dans les années 1930 sur la base d’une recommandation du coroner. Des plaintes ont été soulevées pendant des décennies concernant « l’inesthétisme des barrières ». Le conseil municipal a cédé en 1997 et les barrières ont été enlevées. En 2001, toutefois, les chercheurs ont découvert une augmentation de cinq fois du nombre de suicides au cours des quatre années précédentes. La conseil municipal a alors pris l’initiative sans précédent d’installer de nouvelles barrières avec un « design amélioré et incurvé ». Après leur installation, les suicides ont complètement cessé (3).

Un bon argument en faveur de l’érection des barrières est qu’elles permettent un « gain de temps » qui donne à l’individu une chance de reconsidérer ses actions. Dans ses mémoires sur une tentative de suicide au Golden Gate Bridge, Kevin Hines décrit ses regrets au moment où il a sauté du pont (2013). Il souffrait d’un trouble bipolaire et il raconte son trajet en bus jusqu’au fameux pont, rempli de pensées ambivalentes. Il hésitait entre sa décision de mourir, et un désir alternatif d’être « découvert » et sauvé. Son désir de mourir l’a emporté, et durant sa chute, il raconte s’être dit « Qu’ai-je fait ? Je ne veux pas mourir ».

Cela a été corroboré par une étude de Pirkis et al. (4), qui a examiné neuf interventions sur des hotspot suicidaires. Elle conclue qu’ : « il existe des preuves solides que l’installation de structures comme des barrières ou des filets de sécurité sur des sites de sauts connus est une stratégie efficace de prévention du suicide ». Dans une autre étude, Jane Pirkis et ses collègues ont étudié le nombre de suicides avant et après les interventions sur 18 hot-spot aux États-Unis, Canada, Australie, Nouvelle-Zélande, Chine et Europe. Les chercheurs ont constaté que l’installation de barrières sur les ponts et les plates-formes ferroviaires était associée à une réduction du risque de suicide de 93%.

UNE STRATÉGIE D’ACTIONS COORDONNÉES

Mais ces barrières de suicide ne dissuaderont pas tous les suicides. C’est pourquoi, d’autres mesures de prévention ont fait leur preuve en complément :

  • encourager la recherche d’aide (par l’installation d’une signalétique et d’un accès téléphonique lorsque possible) ;
  • favoriser l’intervention de tiers (patrouilles de sécurité ou initiatives citoyennes – on peut notamment citer l’expérience irlandaise des Taxi Watch) ;
  • modifier l’image publique du site notamment en fournissant des conseils pour un traitement médiatique responsable du suicide.

S’agissant des hot spot, le rôle des médias demeure central. La médiatisation récurrente de suicides sur un même lieu est susceptible de forger une réputation de « site emblématique » et d’attirer tel un aimant de plus en plus de personnes vulnérables. Les recommandations de l’OMS pour un traitement médiatique responsable du suicide incitent à ne pas promouvoir de tels lieux car le risque de contagion suicidaire est avéré. Pour se faire, il convient d’éviter :

  • de les décrire de façon sensationnaliste,
  • de mettre en exergue le nombre d’incidents qui ont eu lieu,
  • de décrire le moyen létal ni même la façon de procéder,
  • ou encore de donner des éléments qui facilitent l’identification et l’accès au site (nom, photo, géolocalisation…).
Le programme Papageno accompagne les acteurs publics-privés et les journalistes dans le déploiement des 4 axes de prévention.

(1) Okolie C, Wood S, Hawton K, Kandalama U, Glendenning AC, Dennis M, Price SF, Lloyd K, John A. Means restriction for the prevention of suicide by jumping. Cochrane Database Syst Rev. 2020 Feb 25;2(2):CD013543.

(2) Perron S, Burrows S, Fournier M, Perron PA, Ouellet F, 2013:Installation of a Bridge Barrier as a Suicide Prevention Strategy in Montréal, Québec, Canada. American Journal of Public Health 103, 1235_1239.

(3) Beautrais AL, Gibb SJ, Fergusson DM, Horwood LJ, Larkin GL. Removing bridge barriers stimulates suicides: an unfortunate natural experiment. Aust N Z J Psychiatry. 2009 Jun;43(6):495-7. 

(4) Pirkis J, Spittal MJ, Cox G, Robinson J, Cheung Y, Studdert D. The effectiveness of structural interventions at suicide hotspots: a meta-analysis. Int J Epidemiol. 2013 Apr;42(2):541-8.

Les profils concernés

vous êtes

Gestionnaire de lieux dits Hot spot