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Suicide et médias : quels enjeux ?

Suicide dans la presse, une exception ?

LE SUICIDE : UN ÉVÈNEMENT RARE DONT ON NE PARLE JAMAIS ?

Impact du harcèlement scolaire sur la santé psychique des jeunes, tentative de suicide d’une personnalité publique, décès au sein d’institutions ou encore vulnérabilité de certaines catégories socio-professionnelles… Chaque année, le suicide s’invite à de multiples reprises à la Une de l’information, tous supports confondus. Avec près de 9 000 décès par an en France, le suicide est en effet un phénomène social majeur, sujet à un traitement médiatique fréquent.

Ainsi selon notre dénombrement, il a fait l’objet de plus de 222 sujets dans les journaux télévisés français (source catalogue Ina), d’environ 1 530 articles dans la presse quotidienne nationale et de plus de 2 000 publications en presse quotidienne régionale sur l’année 2020 pour les titres des 5 groupes d’information quotidienne les plus lus dans chaque catégorie (classement ACPM/Onenext). Le suicide est donc un sujet traité quotidiennement.

Or, depuis la crise sanitaire, l’équipe du Programme Papageno est régulièrement destinataire de questionnements de journalistes concernant l’effet de la pandémie sur la santé mentale. Et il nous a semblé voir apparaitre un intérêt plus particulier des rédacteurs pour le sujet du suicide. Alors pour autant, parle-t-on plus du suicide qu’avant dans les journaux ?

SUICIDE DANS LA PRESSE : LA FIN D’UN TABOU ?

Bien qu’il soit difficile d’obtenir une quantification précise de la prévalence de la thématique du suicide dans les médias, notamment en raison de la multiplicité des formats et des modes de référencement des articles au sein de chaque support, nous avons cherché à déterminer si le sujet est quantitativement plus ou moins traité dans la presse en 2022 que nous avions relevé lors de notre précédent dénombrement de 2020.

Globalement, et contrairement à nos hypothèses initiales, avec seulement 1 600 articles recensés, il y a eu quantitativement moins d’articles traitant du suicide dans la presse quotidienne en 2022 qu’en 2020. Cette baisse du nombre d’articles publiés ayant pour thématique le suicide est due à une chute drastique du nombre de publications en presse quotidienne nationale (- 60%) tandis qu’en presse quotidienne régionale le nombre d’articles demeure stable mais avec des fluctuations importantes, de l’ordre de -40% à +72% entre les différents titres.

Cette étude étant uniquement quantitative, elle ne permet pas d’établir d’explication quant à ces disparités. Seulement quelques pistes d’hypothèses sont apparues comme l’émergence d’expressions ou de thématiques peu traitées en 2020 comme celles du « suicide assisté » volontairement écarté de l’étude ou du suicide intervenant après un féminicide.

UN FAIT-DIVERS CANTONNÉ À CERTAINES RUBRIQUES OU NE CONCERNANT QUE LES JOURNALISTES-SOCIÉTÉ ?

Quelles que soient les raisons pour lesquelles en tant que journaliste, on traite d’un suicide ou pas, il existe au sein de la profession une représentation qui associe couramment le sujet du suicide aux rubriques fait-divers des quotidiens locaux. Or la réalité du traitement médiatique du suicide est bien plus complexe.

Ainsi sur plus de 3 500 articles recueillis en 2020, seul 1 sur 5 avait été publié dans la rubrique “fait divers”. Dans les 5 plus grandes rédactions de presse nationale, 45% des articles traitant du suicide en 2020 avaient alors été produits par les services “société” dont la plupart gèrent également les actualités santé.

PQR et PQN confondue, plus du dixième des articles traitants du suicide était issu des services police-justice. Quant aux services d’actualité internationale ils ont produit près d’un article sur 20 sur notre échantillon relatif à ce sujet.

Loin de ne concerner que les fait-diversiers ou les journalistes société, le suicide est donc traité par la grande majorité des services qu’il s’agisse des rubriques santé mais aussi les services économie, politique, sport ou encore culture où la thématique demeure assez représentée. Tout journaliste est donc susceptible d’avoir à le traiter.

Les profils concernés