Parler de suicide n’entraîne pas nécessairement d’autres suicides. Une étude (1) portant sur les reportages réalisés à la suite des suicides de Daron Richardson et de Jamie Hubley à Ottawa en 2010 et 2011, relate une augmentation importante du nombre de visites à l’urgence pédiatrique locale pour des troubles de santé mentale, dans les 28 et 90 jours qui ont suivi les suicides de Daron et Jamie, précédents aux mêmes dates dans les années précédentes.
Bien que cette étude ait constaté une importante hausse du taux de visites à l’urgence pédiatrique locale pour des troubles de santé mentale à la suite de ces deux suicides médiatisés, elle n’observe aucune différence quant à la gravité des symptômes de maladie mentale ou des tendances suicidaires dans le cadre de ces consultations. Ceci suggère que l’attention médiatique a peut-être mis en lumière les problématiques de santé mentale au sein de la communauté sans autant que les jeunes ne pensent davantage au suicide.
L’étude relève également que la couverture médiatique a été faite, dans l’ensemble, avec délicatesse. Les articles étaient aussi accompagnés d’une liste de ressources auxquelles les jeunes en détresse pouvaient s’adresser pour obtenir de l’aide. Les personnes interviewées offraient de l’information sur la prévention du suicide, notamment les signes avant-coureurs, les ressources à contacter, les gestes à poser et l’aide à apporter. Car le simple fait de parler de suicide n’entraîne pas d’autres suicides. Par contre, un accès en temps opportun à du soutien et à des ressources de soin peut sauver des vies.
En d’autres termes, les médias peuvent jouer un rôle actif dans la prévention du suicide en publiant les recours existants (que ce soit des services de santé, de santé mentale, d’assistance téléphonique…). Des informations sur les différents dispositifs d’aide doivent figurer à la fin de chaque article traitant du suicide. En France, le 3114 est le numéro national de prévention du suicide. Gratuit, ce service propose une écoute professionnelle et confidentielle, 24h/24 et 7j/7, par des infirmiers et psychologues spécifiquement formés.
Citer un dispositif d’aide ouvre la voie à un soutien immédiat aux personnes en détresse ou qui envisagent de se suicider.
(1) Léon et al. Couverture médiatique des suicides chez les jeunes et son impact sur la présentation des services d’urgence en santé mentale pédiatrique. Politique de santé. 2014