logo Papageno
Menu
AccueilLes bons motsQuelques éléments de compréhension du suicide
les bons mots

Quelques éléments de compréhension du suicide

Partager l'article

COMMENT SURGISSENT LES IDÉES SUICIDAIRES ?

Le suicide est un sujet complexe, aux déterminants multiples. Il peut, en effet, être lié à certaines pathologies psychiatriques, en particulier la dépression, mais sans que ce lien soit systématique. Il est également révélateur de problèmes sociaux et économiques, du fait notamment du lien entre chômage, conditions de travail et suicide.

Il est de fait difficile d’identifier et de démêler les raisons qui poussent à l’acte suicidaire. Un certain nombre de facteurs ont néanmoins été mis en évidence (OMS, 2014) :

  • des facteurs individuels (antécédents de tentative de suicide, problèmes de santé physiques ou psychiatriques, difficultés financières dues à un surendettement ou à la perte d’un emploi, traumatisme, etc.),
  • relationnels (isolement, situation de veuvage ou de divorce, etc.)
  • et enfin sociaux (chômage et conditions de travail) ou sociétaux (accès facilité aux moyens létaux, obstacles aux soins, couverture médiatique inappropriée du suicide, etc.).

Dès lors, des facteurs de risques multiples se conjuguent : psychiatriques, somatiques, démographiques, socio-économiques et culturels et peuvent mener une personne vers une période de vulnérabilité et de déséquilibre psychique. Il importe de les prendre en compte pour appréhender le geste suicidaire en tant qu’il traduit le geste d’une personne en grande souffrance psychique et ne pas réduire le suicide à une cause unique (le facteur précipitant le geste).

LE FACTEUR PRÉCIPITANT

Le facteur précipitant peut être un événement qui semble anodin, mais c’est littéralement la goutte qui fait déborder le vase. Cet événement est perçu par la personne comme symboliquement important et significatif, d’où la détresse qui en découle.

Le déséquilibre alors engendré génère une tension qui devient insupportable pour la personne. Afin de réduire rapidement cette tension, la personne va concevoir la conduite suicidaire comme un geste permettant de faire baisser cette tension. La présence constante de l’ambivalence rend toutefois l’intervention possible, ainsi, nous pouvons tous aider une personne en crise suicidaire à entrevoir d’autres alternatives que la mort. Ce processus n’est pas irréversible ; on peut sortir d’une crise suicidaire à tout moment.

L’ÉVOLUTION DE LA CRISE VERS LE SUICIDE

Le suicide n’est pas une photo ; c’est un film qui se déroule dans le temps et dont l’origine des causes peut remonter à l’enfance.
Car le passage à l’acte suicidaire est très rarement instantané, mais évolue dans un processus que l’on peut schématiser en 5 étapes successives :

Étape 1 : La recherche de solutions pour enrayer la crise

La personne fait l’inventaire des différentes solutions possibles pour se sentir mieux et s’en sortir. Chacune de ces solutions fait l’objet d’une évaluation pour juger de sa possibilité à apporter un changement à la douleur. Certaines personnes possèdent un vaste éventail de solutions et peuvent identifier des stratégies pour résoudre rapidement la crise. Pour d’autres personnes, l’éventail des solutions est plus réduit ou diminue parce que les solutions ne répondent pas aux besoins présents. À ce stade, l’idée du suicide n’a pas encore été envisagée ou très peu.

Étape 2 : Le flash suicidaire et l’apparition d’idées suicidaires

Au cours de la recherche de solution et au fur et à mesure que certaines solutions s’avèrent inefficaces, il arrive que la personne considère le suicide comme une des solutions susceptibles d’éliminer la souffrance. Le suicide revient régulièrement comme une solution et l’on s’y attarde chaque fois un peu plus longtemps, élaborant toujours un peu plus les scénarios possibles.

Étape 3 : La rumination de l’idée suicidaire

L’inconfort devient de plus en plus difficile à supporter et le désir d’y échapper s’intensifie. L’incapacité à résoudre la crise et le sentiment d’avoir épuisé les possibilités de solutions provoquent une grande angoisse. L’idée suicidaire revient constamment et régulièrement, elle engendre tourment et angoisse attisant la souffrance et la douleur.

Étape 4 : La cristallisation et l’élaboration d’un scénario suicidaire

La personne est submergée par le désespoir. C’est le moment où le suicide apparaît à la personne comme la seule solution susceptible de mettre fin à son désarroi et à sa souffrance. Parvenu à ce stade, il y a généralement élaboration d’un plan précis, soit la date, l’heure, le moyen, le lieu.

Etape 5 : L’élément déclencheur et le passage à l’acte

Cet événement est souvent la goutte qui fait déborder le vase et il survient au terme d’une longue série de pertes et d’échecs.

PRÉVENIR LE SUICIDE

Pour toutes ces raisons, le suicide est un phénomène évitable en partie par la prévention.

La littérature identifie la réduction de l’accès aux moyens létaux comme l’une de ces mesures. C’est notamment l’objet de notre action sur les hot spots suicidaires.

D’autres existent, comme le maintien du contact avec les personnes ayant été hospitalisées pour une tentative de suicide (en France, c’est le dispositif VigilanS) ou une stratégie globale de prévention faisant intervenir un grand nombre d’acteurs de divers secteurs, dans une logique coordonnée.

Il est de plus en plus admis que les médias jouent également un rôle important soit en renforçant ou en affaiblissant les efforts de prévention du suicide. En effet, la couverture médiatique d’un suicide est susceptible d’inciter certaines personnes vulnérables à passer à l’acte par imitation ou au contraire à minimiser ce comportement imitatif. Tout comme les médias peuvent diffuser une information éducative utile à la prévention du suicide ou au contraire, répandre de la désinformation à ce sujet.

Les bons mots

Promouvoir “l’effet Papageno" au travers de conseils à la discussion autour du suicide.