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Les forces de l’ordre en deuil après le suicide d’un policier à Villepinte

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Le décès par suicide d’un policier ce 10 février 2022 à Villepinte, nous fait reprendre la plume pour évoquer avec vous la question de la contagion suicidaire.
Avant toute chose, nous tenons à présenter toute nos condoléances à sa famille ainsi qu’à nous associer à la douleur de la perte ressentie par son entourage.

A de nombreuses reprises, nous vous avons sensibilisé.es à la question de la contagion suicidaire qui regroupe sous un terme – quelque peu anxiogène – le phénomène par lequel un suicide peut entraîner le passage à l’acte suicidaire d’une autre personne qui présente, elle aussi, une vulnérabilité.

La théorie de l’identification est l’un des référentiels psychologiques auquel nous nous référons afin d’expliquer le mimétisme en jeu dans la contagion suicidaire.
Si ce.tte collègue, qui partage tout comme moi les mêmes conditions de vie, de travail, les mêmes adversités, met fin à ses jours, n’est-ce pas la « voie » qui me permettra également de faire cesser ma propre souffrance psychique ?

Mais à elle seule, l’identification ne permet pas d’expliquer comment – à des kilomètres de distance, dans des circonstances différentes – des personnes d’un même corps de métier en viennent à s’ôter la vie. En effet, le suicide est le résultat d’une interaction complexe entre des vulnérabilités individuelles (problème de santé mentale, psychotraumatisme, isolement…) et des conditions de travail très stressantes qui peuvent amener à une perte du sens de la valeur-travail.

Pour toutes ces raisons, nous pensons que la prévention du suicide au travail s’effectue au mieux par une combinaison ou au travers :

  • un changement dans l’organisation du travail afin de prévenir et réduire le stress au travail,
  • la déstigmatisation des problèmes de santé mentale et la recherche d’assistance psychologique,
  • la reconnaissance et le dépistage de toutes difficultés de santé mentale et de souffrance émotionnelle,
  • la promotion de l’entraide entre pairs,
  • l’orientation des personnes vulnérables vers des services de soins professionnels tels que la médecine du travail, le médecin généraliste, les services de psychiatrie…
  • la mise en place d’un plan de postvention en amont de la survenue d’un suicide,
  • un dialogue ouvert et empathique sur les difficultés rencontrées par les personnes,
  • une information juste sur les gestes suicidaires de la part des médias. C’est pourquoi, il importe de rappeler que des ressources existent et de briser des mythes comme « on ne peut rien faire », « on ne peut pas prévoir », « il ne faut pas en parler » qui sont encore trop répandus dans notre société. Nous vous suggérons également d’éviter d’apporter tout détail quant au moyen (type d’arme, procédé) ou au lieu suicidaire employé. Un ton neutre, dépouillé de sensationnalisme, permettra d’éviter d’apporter une charge émotionnelle superflue et éprouvante. Préférez des mots plus sobres tels que « hausse » ou « supérieur » à des termes tels qu’ « épidémie », « flambée » ou toute autre expression emphatique pour décrire la survenue récente de plusieurs cas de suicide. La mise en évidence et la répétition excessive d’articles traitant du suicide induisent davantage de comportements d’imitation qu’un traitement médiatique plus précautionneux.

    Chaque suicide est l’issue tragique d’une trajectoire de souffrance. À chaque étape, cette souffrance peut être apaisée, et le suicide évité. Rappelons que l’aide existe :

  • au 3114, numéro national de prévention du suicide. Une ligne professionnelle, ouverte 24h/24 et 7j/7. Appel gratuit et confidentiel
  • auprès du réseau Pep’s-SOS policiers en détresse (entraide entre pairs)
  • auprès du service des psychologues de la police nationale

L’équipe du programme Papageno,
Dr Pierre Grandgenèvre, Dr Charles-Edouard Notredame, Nathalie Pauwels