Bien que le caractère d’urgence soit au centre des préoccupations lorsque se produit un suicide au sein d’une institution, prévenir l’effet d’enchaînement suicidaire requiert de grandes précautions.
Un tel programme d’intervention devrait donc être multimodal selon Nicolas, Notredame et Séguin (2017). Il convient donc de planifier les interventions de façon séquentielle afin d’agir sur les impacts du suicide au niveau à la fois des individus et du milieu.
Le plan de postvention du programme Papageno correspond à ces recommandations. Il a pour objectifs de diminuer la souffrance individuelle, de renforcer la capacité des individus à faire face à l’adversité ainsi que de diminuer les risques de contagion et de favoriser un retour fonctionnel pour le milieu touché (à savoir sa fonction éducative, productive, etc.).
Notre plan de postvention se déploie dans une logique chronologique où toutes les actions sont coordonnées par une cellule de postvention dont la formation et la mise en place est le pré-requis au déclenchement du plan.
Ce plan fournit, aux dirigeants, un cadre pour l’élaboration d’un protocole spécifique à leur milieu et est intégré aux ceux existants de gestion en situation de crise. Il s’arrime également aux procédures en situation d’urgence (police, Cellule d’Urgence Médico-Psychologique) permettant une meilleure coordination avec ces acteurs.
C’est le temps de l’anticipation qui permet de s’assurer que le milieu est prêt à déployer des mesures de postvention en cas de suicide. Cela sous-entend de constituer une équipe de postvention et qu’elle soit accompagnée dans la rédaction du protocole de postvention, en adéquation avec son milieu.
En lien avec l’urgence pré-hospitalière (SAMU, CUMP) et hospitalière (service d’urgence, unités de crise…), on s’attachera à la sécurité des lieux et des personnes. C’est durant cette phase qu’une première communication responsable et respectueuse sera initiée.
Le repérage demeure continue afin d’agir sur l’effet imitatif, lequel peut se produire également à distance de l’événement, voire des mois après.
C’est la phase du bilan qui permettra d’identifier les zones d’amélioration de l’équipe de postvention, et du partenariat avec les ressources internes et externes. Une vigilance accrue sera portée à la date anniversaire du décès par suicide.
UNE ASSISE EXPERTALE
Les contenus de notre plan se basent sur un cadre conceptuel théorique et clinique, sur une revue de littérature scientifique exhaustive, et sur une revue de la littérature grise (non publiée). Il a également fait l’objet d’échanges expérientiels et d’adaptations aux avancements des connaissances sur les pratiques recommandées notamment les méthodes de communications actuelles telles que les réseaux sociaux.
Il a été approuvé par le GEPS (Groupement d’Études et de Prévention du Suicide) et par la coordination nationale des CUMP.
« Si les CUMP ont développé une solide expérience dans ce domaine de la postvention, cette remarquable formalisation nous semble augmenter encore un niveau d’expertise aussi utile que nécessaire qui s’inscrit pour nous dans une véritable préoccupation de santé publique, rien qu’en ce qu’elle touche l’intimité des liens entre suicide et traumatisme psychique. » Nathalie Prieto et François Ducrocq, coordination nationale des CUMP