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Suicide et médias : quels enjeux ?

Journalisme, suicide et protection des sources

UNE SOURCE REFUSE DE ME RÉPONDRE

Un argument parfois utilisé par certaines sources afin d’éviter de répondre aux questions des journalistes est qu’il existerait un risque à parler du suicide dans les médias. Comme nous l’ont fait remonter certains journalistes d’investigation, les rédacteurs seraient alors pointés du doigt dans la création « d’une mode », « d’une vague » ou « d’une épidémie » de suicide au sein d’institutions.


Cette stratégie d’évitement, rendue visible par l’axe de défense utilisé par Didier Lombard lors du procès France Télécom, les journalistes semblent y être de plus en plus fréquemment confrontés ces derniers mois. D’où l’importance de s’informer sur le sujet pour être en capacité d’exercer son rôle de journaliste en toute liberté et d’en mesurer les responsabilités.


Car si la couverture médiatique du suicide est associée à un risque d’augmentation de la morbi-mortalité suicidaire par effet d’incitation chez les personnes vulnérables, ou effet Werther, les médias auraient également un potentiel préventif quant au suicide. C’est l’effet Papageno, auquel nos interventions-flash en rédaction, à destination des professionnels de l’information, tentent de sensibiliser.


De fait, depuis 2016, la rédaction et les journalistes de la Voix du Nord adhèrent sensiblement aux recommandations de l’OMS en suivant les indications, en intégrant systématiquement un numéro de recours et en contactant un expert à chaque fois que nécessaire. Cette initiative a progressivement fait des émules au sein d’autres rédactions telles que l’Obs, Médiapart, l’Union…


Ce changement laisse augurer que sous peu les médias français intègreront certaines pratiques déjà courantes dans les rédactions anglo-saxonnes, précurseurs en la matière… à l’image du New York Times par exemple.

UNE SOURCE FAIT ÉTAT D’IDÉES SUICIDAIRES

Parfois le suicide surgit dans la conversation lorsqu’on ne s’y attend pas. Ça peut-être le cas lors d’un reportage sur une situation de conflit social, une catastrophe naturelle ou lors du recueil de témoignage d’une personne confrontée à un événement d’adversité. Des professionnels de l’information qui ne sont pas directement sur le terrain peuvent aussi être dépositaires de l’expression d’idées suicidaires par des lecteurs, que ce soit sur les réseaux sociaux ou dans les courriers des lecteurs.

Or quand on n’est pas préparé, ni professionnel de santé, être exposé à des propos suicidaires peut désemparer et il est normal de se sentir mal à l’aise. Il est donc essentiel d’anticiper ce type de situations afin de savoir comment réagir si l’une d’elle se présente.


Quel crédit dois-je apporter à ce message. Qu’arrive-t-il à la source que j’interroge ? Comment réagir, que dire ? Et quels sont les risques pour moi, professionnel de l’information, à court comme à long terme ? Ce sont autant de questions auxquelles nous vous aidons à répondre dans le cadre de nos sensibilisations en et hors rédaction.

Les profils concernés